La région des lacs


San Carlos de Bariloche

Seb dans la poussièreAprès une journée de transport en avion et en bus, nous arrivons à Bariloche, station de ski au nord de la Patagonie. Nous trouvons l’atmosphère de la ville brumeuse et poussiéreuse contrairement à la région des lacs que nous venons de traverser en bus. Nous sommes accueillis par un couple qui a décidé de passer une retraite paisible ici plutôt qu’à Buenos Aires. Aurora, d’origine italienne, parle un français impeccable.

Ils nous expliquent qu’un volcan situé à 120km à l’est, en territoire chilien, s’est réveillé le 4 Juin dernier et à déversé des nuages de sable sur la ville. Nous comprenons alors pourquoi il y a tant de sable partout sur le bas côté et la visibilité réduite par la poussière soulevée par le vent. Aurora nous montre ses massifs de fleurs avec à leur base plusieurs centimètre de sable. Le volcan continue à déverser des cendres, mais en moindre quantité. Ils nous expliquent qu’il y en avait partout des quantités énormes et que certains toits ont cédé sous le poids de la cendre accumulée.

Nous nous rendons le lendemain à l’office du tourisme et au club de montagne qui nous confirment que tout ce que nous voulions faire à Bariloche est vivement déconseillé. Nous sommes déçus mais décidons tout de même de rester 2 jours dans cette petite ville charmante, capitale argentine du chocolat, à l’architecture suisse, pour réparer notre réchaud, nos vélos, faire quelques achats d’affaires perdues ou non réparables, préparer la suite des aventures et remplir nos estomacs. En effet, depuis que nous sommes en Argentine nous mangeons très bien et apprécier la viande tendre sans avoir peur d’être malade.

Lors de notre passage à l’office du tourisme nous avons la grande surprise de croiser Beltran, un ami de l’ENAC. Il remonte l’Argentine en voiture avec sa petite amie et deux autres amis. Après quelques échanges, nous nous donnons rendez vous le soir pour aller manger ensemble. Que le monde est petit ! Nous passons une excellente soirée à nous raconter nos aventures et mésaventures autour d’une parillada accompagnée de bons petits vins argentins.

Repas avec Beltran

Direction le Chili

Laeti sur le bateauNous quittons Bariloche de bonne heure par la route des lacs pour rejoindre le Chili. Nous avons pour cela 3 bateaux à prendre. En nous rendant au premier port à 25km, nous longeons une route au bord du lac, bordée d’hôtels ressemblants à des chalets suisses avec dans le fond des montagnes où sont installées des stations de ski. Tous semblent déserts car avec le volcan qui s’est activé un mois avant la saison de ski (Juillet-Août), les touristes ne sont pas venus mettant un peu à mal l’activité commerciale de la ville. Les paysages sont splendides. Le vent n’a pas encore trop levé de poussière dans l’air. C’est le printemps, les lilas, genêts et cerisiers sont en fleurs; les tulipes et les jonquilles garnissent les bosquets. Quel bonheur d’entendre les oiseaux gazouiller.

Nous embarquons pour Puerto Blest sur un bateau très confortables. Nous ne ratons pas une goutte des paysages qui défilent, des montagnes enneigées où la forêt luxuriante arrive au delà des cols. Le bleu turquoise du lac et les nuages moutonneux finissent de peindre ce tableau. Nous trouvons que les airs de Suisse sont trompeurs car ici les montagnes sont des volcans et paraissent moins tassés que nos Alpes, la forêt, bien loin de nos forêts de pins, est humide et luxuriante et les lacs gigantesques remplissent une bonne partie des vallées. Devant tant de beauté nous décidons de trainer un peu et de repousser notre 3e bateau au lendemain.Entre 2 lacs

A notre première halte, nous partons donc en ballade à pied vers une laguna. Le chemin est bien aménagé et nous mène à travers une forêt dense jonchée de cannes et de bambous à une laguna turquoise encaissée dans des montagnes le long d’une rivière jalonnée de multiple cascades. Nous prenons notre 2 bateau pour traverser le petit lago Frias et partons en vélo franchir la frontière par une piste caillouteuse de 27km dans la montagne. Nous passons un col à 1200m après une rude montée à 13%, puis descendons vers le Chili. Le chemin nous laisse apercevoir entre les arbres le massif du Tronador et la vallée qui mène à Peulla. Nous traînons car en route, derrière chaque virage nous avons une nouvelle surprise: une araignée grosse comme le poing, des ibis en vol, des rapaces, des rongeurs qui nous passent sous les roues, des arbres en fleurs, etc. Puis après avoir traversé un petit village aux pâtures vertes éclatantes, avec des autruches et des bœufs sans corne, nous arrivons au poste frontière où nous sommes attendus.

Les gens sont charmants malgré l’heure tardive. Ils nous indiquent un endroit où poser la tente. Depuis que nous sommes en Argentine, nous n’avons croisé que des gens sympas, curieux, toujours prêts à nous aider et chaleureux. A tort peut être, dans ces endroits nous ne craignons plus le vol. La petite bourgade de Peulla est un bijoux. Nous posons la tente près d’un arbre en fleur qui nous envoie ses pétales à chaque rafale de vent. Nous avons du mal à nous concentrer, tout est si beau. On a envie de flâner, de mettre le nez dans les fleurs et de contempler. Au menu ce soir, c’est confit de canard du Sud Ouest que la mère de Sébastien nous à envoyé. Nous n’en perdons pas une miette.

Dans la jungle de Peulla

En balladeNous traînons dans nos duvets ce matin car nous savons que le bateau n’est qu’à 16h et que nous avons donc du temps devant nous. Lors de nos dernières nuit dans le désert, nous avions eu bien froid et en étions venus à douter des capacités de nos duvets. Cette nuit par contre nous avons eu trop chaud. Dans la tente ce matin il fait 16°C. Nous apprécions d’entendre les chants des oiseaux et le ruissellement de la rivière. Alors que nous sommes dans la région la plus pluvieuse du Chili et de l’Argentine, il fait beau.

Nous partons sur le coup de 11h pour une ballade à pied vers une lagune. Nous longeons tout d’abord une cascade vertigineuse qui sert à générer l’électricité du village, puis nous remontons un chemin raide dans la forêt dense et humide. Sur ce chemin abrupte, la rivière que suivons prend souvent des allure de cascade. Laetitia aperçoit un animal qu’elle pense être un rongeur, mais soudain elle sursaute en réalisant que c’est une araignée grosse comme le poing et qui ressemble un peu à une mygale. La bestiole encore plus effrayée, s’échappe rapidement hors de notre vue. Il se fait maintenant 13h heure et nous aurions dû tombés sur la lagune depuis un moment. Pourtant ici les chemins ne s’inventent pas. Il aurait fallu une machette pour sortir du chemin. Nous faisons demi-tour car il nous faut redescendre pour attraper le seul bateau de la journée. Heureusement la forêt magnifique nous console de ne pas avoir atteint la lagune.

Nous regagnons le port après nous être rafraîchit les pieds dans la rivière. bivouac sur le lacAlors que nous avions l’impression d’être seuls, de nombreux touristes apparaissent sortants de l’hôtel luxueux de Peulla. La traversée du lac Todos los Santos est superbe. Nous remontons en serpentant dans les montagnes qui laissent de tant en tant apparaître des cascades ou de nouveaux volcans. Un volcan en particulier nous fait de l’œil. Il s’agit de l’Osorno avec son cône parfait recouvert de neige contrairement aux autres inactifs depuis plus longtemps qui ont subis l’érosion et ont perdu leur forme originelle. Nous songeons déjà à le grimper.

Nous arrivons au petit village de Petrohué où nous cherchons à camper. On nous propose de nous faire traverser un bras du lac dans une petite barque pour rejoindre une berge où des familles proposent de camper dans leur jardin. Curieux nous embarquons et arrivons au pied de ces maisons simples coupées du monde. Ici pas de voiture, pas de route, les enfants jouent tranquillement dans le jardin. L’endroit possède un charme fou et une vue imprenable sur le lac et les volcans autour. Nous posons la tente sous un arbre, au bord du lac. Malheureusement un des chiens vient nous voler une de nos deux casseroles qui contenait encore un peu de la graisse du confit d’hier soir et nous ne la retrouvons pas. Qu’à cela ne tienne, nous pensons déjà à la remplacer par une peole pour pouvoir nous faire des œufs sur le plat. Nous restons à observer le coucher de soleil sur le lac et l’Osorno avant de nous installer dans notre chère tente.

Le long du lac LLanquihué

En balladeEn entendant les enfants prendre la barque pour aller à l’école nous décidons de nous lever. Nous profitons encore quelques instants de cet endroit charmant avant de retraverser le lac et d’enfourcher nos vélos en direction de Puerto Varas. Nous nous arrêtons en route au Salta de Petrohué, une zone de tumulte d’eau qui s’engouffre de part et d’autre dans la roche avec un débit impressionnant. Plus nous avançons, plus nous prenons du recul sur les volcans pour mieux les observer. Quelques nuages s’accrochent à leur cime et le tout se reflète dans ce lac immense que nous longeons. La route est vallonnée et les successions de petites bosses nous servent de points de vue sur les paysages alentour.

Nous sommes bras nus, jovials et les vélos sont légers. Nous arrivons dans la ville balnéaire de Puero Varas située au bout du lac dans lequel se baignent quelques courageux. Nous élisons domicile dans une ancienne maison du siècle dernier tout en bois au charme désuet. Tout y est vieillot: peinture verte d’après guerre aux murs, nappe en dentelle sur des tables en bois, un vieux poêle pour chauffer la bâtisse, des moquettes rouges pour protéger le magnifique parquet chevronné dans les endroits de passage. Après avoir pris contact avec un guide pour grimper l’Osorno demain, nous nous régalons d’une poêlée de légumes et de fraises accompagnées d’un petit cabernet sauvignon chilien.

Nos deux cyclistes

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13 responses to “La région des lacs”

  1. Croiser Beltran à l’autre bout du monde dans une ville perdue au milieu des montagnes ? C’est incroyable !!
    Vous allez de surprise en surprise.

    • En effet ce fût une sacrée surprise. C’est marrant d’ailleurs de se croiser ici alors qu’en France on ne s’était pas vu depuis l’ENAC 🙂

  2. Pas de photos de l’araignée? Dommage , cela aurait sans doute impressionné Mathou qui en a une frousse bleue

  3. On aurait bien voulu voir la bestiole! Pour comparer avec celles qu’on a vues à la Réunion§Gros bisous de nous deux .Restez prudents Pépé et Mamie

    • La photo vient d’être rajouter. C’est une araignée un peu plus massive que celles de la Réunion qui avait des pattes toutes fines.

  4. Quel bonheur de vous lire.
    vous voulez heureux et en forme
    Quel joie de vivre autant de saison en si peu de temps.
    C’est drôle de retrouver des amis au bout du monde
    La terre est toute petite pour les camarades de toute une vie.
    quelle beauté toutes ces photos, elle représente à merveille l’harmonie dans lequel vous êtes.
    je vous embrasse

  5. Quel bonheur de vous lire.
    vous semblez heureux et en forme
    Quel joie de vivre autant de saison en si peu de temps.
    C’est drôle de retrouver des amis au bout du monde
    La terre est toute petite pour les camarades de toute une vie.
    quelle beauté toutes ces photos, elle représente à merveille l’harmonie dans lequel vous êtes.
    je vous embrasse

    • Le chocolat n’était pas mauvais, mais il n’arrivait pas à la cheville de celui de La Paz. On ne l’a pas boudé pour autant 😉

  6. 100 jours !!!!!!!!!!!!!! Bon anniversaire de voyage !
    C’est énorme de revoir des amis au bout du monde, que du bonheur!!!!!!!!
    Le lac LLanquihé est magnifique
    En tout cas j’aurais voulu voir la tête de Laëti en voyant la mygale …
    Sinon je vous envie d’avoir 16° dès le matin, en tout cas en Normandie les bonnets, les écharpes et les gants sont de retour. La misère
    Ca remonte le moral de voir vos photos et vos commentaires.

  7. Hello – ça faisait un bail que je n’avais pas consulté votre site- j’ai du rattrapage à faire 😉 –