Cusco et la vallée sacrée


Journée à Cusco

Laeti au petit dejNous avons pris nos quartiers dans un petit hostal dénommé “Artesano de San Blas”, dans le quartier San Blas qui surplombe la plaza de armas. Une chambre simple et rustique au confort suffisant, dans un ensemble sympathique et avec un personnel souriant. Et surtout une cuisine qui va nous permettre de nous faire des petits déjeuner de crêpes. Après un mois au Pérou, c’est agréable d’être sûr de ne pas être malade. Pour aller et venir dans ce quartier il faut passer par des petites rues étroites et raides dont beaucoup sont en escalier. Pas simple en vélo, mais heureusement ceux-ci n’auront pas a bouger ces deux prochains jours. La partie la plus touristique de Cusco ne ressemble pas beaucoup au reste du Pérou. Elle est propre, ordonnée et ressemble un peu plus à notre vieille Europe, surtout avec tous les touristes qui sont presque plus nombreux que les locaux. La partie plus populaire en périphérie est beaucoup plus typique. Dans le temple du soleilSale, moins ordonnée et avec toutes ces voitures qui klaxonnent à tout va et cette douce anarchie qui caractérise si bien le pays. Un petit tour par l’office du tourisme nous confirme ce qu’on avait entendu dire : pour faire les visites, il faut passer par des billets regroupant certains sites. C’est un peu un casse-tête pour comprendre quelle formule nous convient le mieux. Au final nous décidons de visiter la Cathédrale et l’église San Pedro de Cusco. Les églises du Pérou ont toutes une architecture baroque avec de grands hôtels bardés de dorures qui recouvrent tout le chœur. Il en est de même pour les chapelles. Cette surcharge d’or et de peintures sanguinolentes nous laisse perplexes et nous en avons assez après 2 églises. Les grands bâtiments de la ville ont été construits en grande partie avec les pierres des temples et des palais Incas de Cusco juste après les victoires espagnoles. L’après midi ce sera le site de Qoricancha, à la fois vestiges inca du temple du soleil et couvent catholique. Nous nous laissons compter l’histoire par un guide et apprécions de comprendre un peu plus. La maçonnerie inca est tellement solide que les espagnols ont préférés réutiliser que détruire. D’ailleurs après plusieurs tremblements de terre, les murs incas ont peu bougés alors que les églises ont dues être rebâties. Nous finissons la journée par la visite du Museo Inca qui nous aide à comprendre les différentes civilisation inca et pré-inca, et par l’achat des billets d’entrée et de train pour le fameux site du Macchu Picchu.

Visites des sites alentour

fontaine à tambomachayNous prenons le bus en direction du site le plus éloigné : Tambomachay, le temple de l’eau à 8km. Le site est vite parcouru et nous entamons la redescente à pied vers les autres sites. Nous passons de l’autre côté de la route sur le site de Puka Pukara qui était sans doute un poste de garde. Bien placé sur un promontoire au croisement de plusieurs vallée, il offre un large panorama sur la vallée de Cusco.
Ensuite il faut longer la route sur 5km pour rejoindre Qenoq, un site étrange dont le monument principal est un énorme rocher difforme qui aurait servi soit à des sacrifices rituels, soit de lieux de momification. Aux solstices, il aurait la particularité de projeter des ombres aux formes d’animaux comme le llama.
Enfin nous rejoignons le site principal qui domine la ville : Sacsayhuaman. L’Inca Pachacutec à voulu donner à la ville de Cusco une forme de Puma et le site de Sacsayhuaman en était la tête. sacsayhuamanC’était le lieux du passage de pouvoir entre l’Inca vieillissant et son fils héritier. L’architecture du lieux, formé de pierre pouvant aller jusqu’à plusieurs centaines de tonnes est étonnante. Du haut, un écho permet de porter la voix du chef à jusqu’à l’assemblée de nobles située 100m plus bas. Nous terminons la journée par le tour des anciennes maisons coloniales qui abritent aujourd’hui des hôtels de luxe. Les patios qui se laissent apercevoir par les portes d’entrée sont magnifiques. Un petit tour à la laverie pour récupérer notre linge linge tout propre et nous finissons au fast food bemba, une sorte de McDonald en version péruvienne, pas mauvais en plus.

Départ pour Pisac

Laeti dans les ruines de PisacAprès avoir nettoyer les vélos, refait le plein de soles et manger quelques crêpes, nous nous reprenons la route qui mène au site de Puka Pukara et Tambomachay, mais cette fois ci en vélo et en montée. La météo est menaçante et nous prenons vite un orage, pile poil à l’heure du pique nique. Nous profitons d’un abri pour manger nos sandwichs. A côté un homme est afféré à tailler une poutre dans une belle bûche. Il profite de sa pause pour venir discuter. Comme la plupart des péruviens, il regarde nos vélos avec envie en nous disant qu’ils ont l’air meilleurs que leurs versions chinoises. Nous parlons de la pluie et du beau temps, de nos péripéties au Pérou puis remettons le cap vers la vallée sacrée. Après 10km de montée, nous n’avons plus que de la descente vers Pisac, destination du jour. Là bas, nous trouvons un hostal charmant pour poser nos affaires et allons visiter les ruines. Pour accéder au site, le chemin monte raide au milieu de terrasses de pierre. 3 km qui nous prennent une bonne heure et qui nous amène lentement au premier poste de garde des ruines. ruines de pisacLes incas devaient particulièrement aimer les défis architecturaux. Quelle prouesse de venir bâtir sur ces arêtes, alors qu’il y a une belle plaine large et plate en contre bas. Sans doute qu’ils n’avaient pas que des amis. A moins qu’ils voulaient se rapprocher des cieux … ? Nous passons à travers un complexe de temples en très bon état et de très bonne facture. Le temps de parcourir le site, nous redescendons en ville à la tombée de la nuit. Pisac est une petite ville paisible entièrement piétonne qui abrite le plus gros marché d’artisanat du Pérou ainsi qu’une communauté hippie. On y trouve des restaurants aux cartes alléchantes et des bars aux ambiances décontractées voir enfumée. Nous nous contentons des restaurants et de leur matés de munya.

les terrasses de pisac

En route vers Aguas Callentes

dans le train pour le macchu picchuAprès un passage à la pâtisserie pour le petit déjeuner où nous craquons pour leur pudding, nous partons sur la route en pente douce en direction d’Urubamba. La vallée sacrée n’a pas grand chose d’extraordinaire et nous sommes vite arrivés. Nous avons rendez-vous avec un membre du réseau SERVAS, Jorgue Manrique. La soixantaine tranquille, Jorgue a passé une bonne partie de sa vie en France et notamment sa jeunesse dans le Paris de Mai 68 dont il garde un souvenir ému. Revenu au Pérou depuis quelques années, il apprécie la vie simple de sa petite ville de province, bien loin du stress et de la météo maussade de Paris. Nous parlons de la France, du Pérou, du vélo et de tout un tas de choses. Puis vient l’heure du repas accompagné d’un petit vin blanc péruvien qui ne laisse pas Sébastien indifférent. Mais déjà il faut quitter notre hôte pour rejoindre Ollantaytambo en collectivo, départ du train pour Aguas Callentes. Le train passe par la seule partie vraiment belle de la vallée. Les falaises abruptes, la végétation et la rivière tumultueuse donne envie à Lætitia de s’y balader. Aguas CallentesDommage que le coin soit inaccessible pour les touristes qui sont obligés de passer par le train. Pour nous consoler, on nous sert un maté de coca accompagné de petites douceurs et d’un chocolat. Ca nous fait bizarre de nous retrouver dans ce train où le personnel fait tant de manières et où on nous propose du chocolat plutôt qu’un choclo con queso. Jorgue nous avait averti qu’Agua Callentes est une ville à part. Clairement sortie de terre dans le seul but d’accueillir les hordes de touristes qui se pressent pour aller voir le Macchu Picchu, cette ville est une succession d’hôtels, de restaurants et de boutiques de souvenir. Pas de traces de quartier résidentiel, par de centre historique. Une ambiance étrange bien éloignée des pueblos que nous avons traversés les semaines précédentes. Nous nous offrons un restaurant qui nous avait été conseillé par des français croisés sur le trek de Santa Cruz. Le moindre plat nous coûte quelques jours de caldo de gallena, mais le plaisir est au rendez vous. Tournedos d’alpaca pour Seb et plat végétarien pour Lætitia. Pour la première fois depuis Lima, nous prenons le temps de déguster le contenu de nos assiettes.

La visite du Macchu Picchu

Vue du haut du Wayna PicchuNous nous levons tôt après une petite nuit dans un hôtel aux murs aussi épais que du papier à cigarettes. Mauvaise surprise, douche reste froide. Un comble dans une ville qui s’appelle Aguas Callentes. Nous nous mettons en route à pied sur le chemin qui monte aux ruines et laissons les bus aux autres touristes. Il fait humide dans cette vallée proche de la selva, la zone amazonienne du Pérou. La végétation est luxuriante et nous entendons chanter de nombreux oiseaux. Nous ressentons le profit de ces 3 semaines passées à 4000m. Ici, vers 2000m nous avons de l’énergie à revendre. Tant mieux d’ailleurs car la journée s’annonce sportive. Ayant pris l’entrée pour Wayna Picchu, à peine arrivés sur le site, nous reprenons l’ascension de ce petit éperon rocheux. La journée est grise et le ciel est chargé. Il pleut même quelques gouttes à intervalle régulier. Mais tous ces petits nuages qui montent de la vallée et nous masquent en partie la vue renforcent le côté mystique du lieux. Arrivés en haut, nous avons la chance d’avoir une vue qui se dégage entièrement sur le Macchu Picchu. Au delà du respect profond que l’on ressent pour les bâtisseurs qui ont réalisé cet exploit, il se dégage une aura mystique difficile à expliquer. descente vers la caverneNous restons un bon moment au sommet du Wayna Picchu pour observer le site en contre-bas ainsi que le spectacle des colibris qui virevoltent autour de nous. Nous décidons de faire la boucle par la Gran Caverna qui contourne le Wayna Picchu. Peu de gens se lancent sur ce chemin et nous comprenons pourquoi. La descente vers la grotte se fait par un grand escalier de pierre aux marches étroites qui plonge vers la forêt en contre-bas, puis se poursuit par un chemin de terre qui serpente dans la forêt. La végétation dense et luxuriante nous change des plateaux secs que nous avons eu jusqu’à maintenant. Nous trouvons ici de belles fleurs, des lianes et des bananiers et tout un tas d’autres choses que nous ne sommes pas capables d’identifier. La grande caverne elle même n’est pas d’un grand intérêt. Par contre le chemin vaut bien la sueur que l’on y laisse. De retour sur le Macchu Picchu nous partons à la recherche d’un guide. Nous débusquons une jeune péruvienne au français impeccable qui nous fourni une mine d’informations. Elle nous conduit à travers le site pendant 2 heures et nous montre une foule de détails qui nous auraient très certainement échappés. Elle nous explique les importances des lieux en fonction de la finition des pierres, nous montre le temple du condor et l’écoulement du sang sacrificiel. Elle nous explique surtout que les pierres qui ne sont pas taillées, ne sont pas des oublis, mais que les Incas y ont vu des formes reconnaissables qu’ils interprètent comme un don de la Pachamama. Ainsi le temple du condor est il construit autour de 3 roches qui ont étrangement la forme d’un condor qui prend son envol. De même une autre pierre en haut de la zone appelée pyramide ressemble à une maquette des montagnes alentours. Rien n’a été laissé au hasard et les incas ont été jusqu’à utiliser des failles géologique naturelles pour drainer l’eau du site.
Macchu PicchuMême si on ne sait pas exactement à quoi servait le site, on comprend qu’il ne s’agissait pas d’un simple village. En fin de visite, notre guide nous explique rapidement la religion inca et la symbolique de la Cruz del Sur que nous avons déjà observé dans de nombreux sites. Après 6h passées sur le site, nous n’avons pas encore réussi à en faire le tour qu’il nous faut déjà repartir en courant vers la ville pour attrapper notre train de retour. En conclusion, nous dirons que le prix des entrées contrastent énormément avec le coût de la vie au Perou, néanmoins il serait vraiment dommage de rater le spectacle du Macchu Picchu. Arrivés à Ollantaytambo, nous prenons le temps d’aller visiter les ruines pondes de touristes, il s’agit d’un dernier baston inca. Puis arrivés à Urubamba chez Yoyo nous nous lançons à la préparation des crêpes. Les premières à peine achevées font déjà de l’œil à nos hôtes. On se met a table, l’ambiance est conviviale, les enfants dévorent les crêpes, nous passons un super moment avec cette famille. Entre les 2 perroquets, les 3 chiens, le chat, les cochons d’inde et les 4 enfants cela nous change de nos nuits à deux sous la tente.

Autour d’Urubamba

site de morayJorgue nous suggère de rester une journée de plus pour prendre le temps de visiter les sites aux alentours. La perspective d’une journée décontractée sans les affaires sur le dos nous séduit. Nous prenons le temps de déjeuner et de savourer le vieux fromage qu’il a déniché sur le marché. Après quelques discussions sur la politique nous partons en ville skyper pour le plus grand plaisir de la mère de Sébastien. La journée commence doucement. Nous nous rendons sur le site de Moray, des ruines incas constituées d’un ensemble de terrasses concentriques. Les théories les plus probables disent qu’il s’agissait d’un laboratoire d’expériences agronomique; Nous déjeunons en bas au centre des terrasses et prenons le temps d’en apprécier la régularité. Puis nous décidons de rejoindre à pied le second site des salineras. Nous suivons de loin un groupe de vététistes à travers la pampa. Le coin est beau. On y trouve des pâturages, des plantes grasses et des cactus. La terre de couleur pourpre relève le tout. descente vers la caverneEn chemin nous croisons une jeune taïwanaise avec qui nous discutons longuement. Étant elle même en voyage au long cours nous avons de multiples sujets de conversations à disposition. Nous nous séparons à Maras. Elle rejoint Cusco alors que nous descendons vers les salines par un chemin fort agréable où nous croisons quelques paysans qui rentrent leurs troupeaux et qui nous offre à la fin un beau point de vue sur ces curieuses salineras. Dans un petit canyon qui ressemble à n’importe quel autre, une source fait jaillir une eau saturée en sel. Les péruviens en ont profité pour aménager de nombreuses terrasses où ils font évaporer l’eau pour récupérer le sel. Les résultat donne un patchwork de parcelles allant du marron boueux au blanc éclatant en passant par tous les dégradés imaginables. L’heure avançant nous retournons sur Urubamba pour faire quelques courses pour le repas du soir. Cette fois ci nous cuisinons une ratatouille avec du riz et une mousse au chocolat. Pas facile de faire cette mousse. Le Pérou a beau produire du cacao, leur chocolat n’est pas terrible. Sans doute le meilleur part il à l’export. A 11 autour de la table, la soirée est bien animée et les discussions fusent. 2 personnes ont exercé le métier de guide et les groupes de français en voyage en prennent pour leur grade, autant de choses que nous avons déjà nous même constatées.

Chez Jorgue

Retour sur Cusco

1000 bornesNous quittons nos hôtes avec un petit pincement au cœur. En cadeau, Lætitia leur laisse un pot de nutella qu’elle avait découvert dans une petite boutique près du marché. Nous sommes partis pour 60 km et 1200m de dénivelé. Après une semaine sans les vélos, nous sentons l’effet de la pente. Nous montons très vite au dessus d’Urubamba. Sur la route, nous passons le cap des 1000 km parcourus. A mi chemin, nous nous arrêtons dans la ville de Chincheros où nous flânons pendant 2h. Puis nous repartons pour Cusco où nous arrivons sur le coup de 16h30. Comme nous manquons un peu de temps, nous prenons la direction du terminal terrestre pour obtenir quelques renseignements sur les bus qui pourraient nous amener à Puno après notre trek autour de l’Ausangate. En chemin, Lætitia se prend le pneu dans l’une des nombreuses grilles d’égout qui ne sont pas du tout faites pour les vélo. Les résultat est sans appel : crevaison immédiate. Nous nous retrouvons à faire notre première réparation dans le quartier de la gare.

Malgré les frustrations de se retrouver dans une ville hyper touristique et malgré les dépenses exorbitantes par rapport au reste du pays, nous devons quand même bien avouer que Cusco à l’avantage d’être une ville reposante pour les gringos que nous sommes : du savon et du papier dans les toilettes, des gens qui parlent anglais, un peu plus d’hygiène et le plaisir de pouvoir se fondre dans la masse et ne plus être l’attraction locale.

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4 responses to “Cusco et la vallée sacrée”

  1. C’est magnifique, je suis heureuse de toutes ces photos. Bravo pour toutes ces aventures.
    Profitez bien.
    C’est merveilleux
    Merci pour vos récits
    Je vous embrasse

  2. Passionnant votre récit !!! j’arrive tout juste pour les mille bornes 😉
    J’avoue, je n’ai pas eu le temps de tout lire mais j’ai quand même bien parcouru le site…

    Les photos sur le Pérou me rappellent des souvenirs, mes parents y étaient au printemps mais en voyage organisé, donc ce n’est pas tout à fait la même difficulté… enfin chapeau !

  3. ces photos sont magnifiques continuez de nous faire réver mais ne prenez pas trop de risque bisous à vous 2