Au coeur du Sichuan


En route vers Litang

53km, +600m

Rampe d'accèsCe n’est que vers 14h que nous décollons de Daocheng. Les vêtements sont tous propres et les sacoches débordent de vivres. La ville est toute petite et nous en sommes très vite sortis. Tout autour les montagnes sont pelées, peu de végétation n’apparaît et seul un petit filet d’eau traverse la plaine aride. Les villages qui jalonnent la route sont faits de cette architecture tibétaine si reconnaissable. De grosses maisons imposantes aux murs de pierre épais en léger trapèze percés de fenêtres de bois sculptées et souvent peintes comme les poutres massives qui composent la charpente. Des stupas et autres gompas viennent finir ces tableaux ô combien classiques dans des tons blancs, rouges et jaunes. Si les maisons sont si grandes c’est qu’elle servent en fait de fermes. Sur le toit plat, le blé sèche au soleil, au rez de chaussée c’est l’étable qui siège et la famille occupe l’étage. Un seul bâtiment pour couvrir tous les besoins de nos gros corps de ferme.

moulinsLes hommes et les femmes de ces hauts plateaux ont des peaux très tannées avec des pommettes rouges usées par les éléments. Leurs yeux très bridés se ferment encore plus lorsqu’ils nous lancent de grands sourires. La route monte doucement en longeant une rivière aux eaux opaques couleur café au lait et nous mène vers le monastère de Xiongdeng qui fait partie de la dizaine de monastères tibétains de la région. Posé sous une falaise de roche grise il contraste de manière éblouissante avec ses murs blancs et ses toits rouges. Nous nous accordons une pause pour lui rendre une visite de courtoisie. Nous avons ratés tous les autres et aimerions bien en voir au moins un. Il est entouré d’un mur d’enceinte garni de moulins à prière. Comme à l’accoutumée, la plupart des boiseries sont décorées. À l’intérieur il faut traverser une grande cour vide pour atteindre le temple principal.

Lorsque nous y arrivons, une séance de prière est en cours et nous restons timidement dans devant la porte. Les moines nous font alors signe de rentrer pour apprécier un peu plus les lieux. Nous retrouvons des images aperçues dans des films ou des reportages. Un moine est perché plus haut que les autres sur un grand siège de bois. Il semble être aux commandes de la cérémonie, tandis que les autres suivent ses paroles et ses gestes. Ils sont enroulé dans de grandes tuniques au col de fourrure qui indiquent que les températures ne sont pas toujours clémentes. D’ailleurs le temple est bien plus froid que l’extérieur. La prière alterne récitations de mantra et chants accompagnés de cymbales et de tambours qui semblent jouer dans une certaine cacophonie alors qu’un regard plus précis dénote des gestes plutôt précis.

Nous restons un moment à les écouter et ressortons tout apaisés. Mais dehors l’orage s’abat soudainement sur nous. L’idée de pédaler sous l’orage ne nous emballe pas trop et nous préférons passer la pluie à l’abri des moulins à prière; ce qui nous vaut quelques sourires et salutations de la part des moines qui passent par là. Quand l’orage se calme enfin nous repartons sur notre route en pente douce dans l’espoir de faire quelques kilomètres de plus que nous n’aurons pas à forcer demain.

Monastère

Le soleil a vite remplacé les nuages et il fait à nouveau malgré les plus de 4000m d’altitude. Nous ne croisons plus de village, mais des tente d’où sortent parfois quelques petites têtes curieuses. Nous sommes impressionnés par le dénuement dans lequel vivent ces familles. La route poursuit son ascension douce à travers de grandes plaines couvertes d’énormes rochers. Soudain c’est le retour de l’orage. Lætitia n’est pas trop enchantée d’être si haut dans cette plaine sous le tonnerre qui gronde. Nous prenons abri sous un rocher, mais l’orage ne passe pas. Le froid est lui aussi arrivé soudainement et le front de précipitation que nous voyons au loin couvre les rochers d’une fine pellicule blanche. Après les 30°C de l’après-midi voilà qu’il neige ! Enfin pas sur nous. Sur nos têtes c’est bien de la pluie et du genre de celles qui mouillent. C’est donc sous la tente que nous nous mettons en cuisine ce soir. Ça ne nous était pas arrivé depuis la Nouvelle Zélande. Espérons qu’il ne pleuve pas trop cette nuit pour que nous puissions rester au sec !

Une dure journée

100km, +350m, -900m

MotardLa pluie est tombée jusque tard dans la nuit, mais heureusement la matinée est sèche. La température est assez clémente aussi ce qui est plutôt une bonne surprise. Même pas besoin des gants ce matin. Nous redescendons de notre perchoir et reprenons la montée que la pluie avait interrompue. Le col n’était plus si loin que ça finalement. Sur la route nous croisons quelques personnages intriguant.

Le premier d’entre eux est un motard. Emmitouflé dans une grosse veste en cuir au col de fourrure et une cagoule en polaire doublée d’une écharpe épaisse, nous ne voyons pas tout de suite son visage. Il s’arrête à notre hauteur et se débarrasse de toutes ses couches. Il a la peau mate, des yeux noirs très fins, une longue chevelure ondulante noire et une moustache fine à la d’Artagnan. Il nous propose sa cueillette de vers, mais nous ne savons pas trop quoi en faire et nous le voyons repartir et disparaître au loin.

PèlerinNous croisons le second un peu plus loin. Accompagné d’un petit chien, un homme vêtu d’un lourd tablier blanc et portant sur ses mains des sortes de sabots de bois, marche d’un pas décidé tout en s’allongeant de tout son long sur la route tous les vingt mètres environ. Il est seul et effectue un pèlerinage tibétain qu’il a démarré à Lhasa, soit pas loin de 1000km de là. Nous sommes impressionnés. Il ne porte pas de sac et nous nous demandons bien comment il se débrouille pour ses repas. L’hospitalité tibétaine sans doute ?

Nous arrivons enfin au col, à 4696m, et redescendons un peu pour trouver un endroit abrité du vent pour pique niquer. Les nomades qui ont leur tente non loin sont curieux de nous voir faire la popote au réchaud. Une bonne soupe de nouilles instantanées agrémentée de tomate, de carotte et d’ail. La route se poursuit en descente jusqu’à aboutir dans une vallée tout sèche où nous accueil un bon vent de face. Les villages couleur de terre se fondent dans ce paysage semi-désertique d’où ressorte les temples blancs immaculés.

StupaAlors que nous entrons dans un village, un homme se lève de sa chaise d’un bond à notre passage. “Stop ! Je suis la police, contrôle de passeport”, nous dit-il dans un chinglish approximatif. Le fier représentant de l’ordre arbore une casquette américaine de travers, des chaussures non lacées, une chemise mal boutonnée qui dépasse en partie de son pantalon trop large et parait plus comme un jeune banlieusard désœuvré qu’un agent de police. Devant nos doute il réitère ses ordres sur un ton ferme. Nous lui tendons les documents qu’il inspecte rapidement avant de nous les rendre avec un sourire. “Bonne route !” On nous avait prédit des contrôles de police à l’approche du Tibet et nous voilà servis.

MotardLa route se remet à grimper doucement, avec toujours ce maudit vent de face et de temps en temps quelques gouttes pour rajouter au plaisir. Dans une descente, Lætitia crève. Bien entendu, c’est aussi le moment que choisi la pluie pour débarquer. La réparation est vite faite et nous poursuivons. Quelques kilomètres plus loin, c’est en montée que Sébastien constate une nouvelle fuite sur sa roue avant. Encore une fois la réparation se fait sous la pluie. Nous passons un dernier col et apercevons enfin Litang au loin. Pas fâchés d’arriver. En plus de gros nuages menacent et la température a chuté depuis quelques instants.

Nous nous élançons dans la belle descente et à nouveau Lætitia crève et à nouveau il se met à pleuvoir. La loi des séries dans toute sa splendeur. Avec le froid et la pluie les doigts sont tous engourdis et nous peinons un peu plus à réparer. Le coupable est démasqué. Un trou sur le côté du pneu laisse dépasser un bout de chambre à air et les freins un peu trop remontés viennent la percer lors des freinages puissants.

Litang sous le soleilNous arrivons finalement à Litang sous une pluie frigorifiante et après un faux-plat interminable. La ville n’est pas très engageante. Quelques restaurants crasseux et des hôtels miteux nous proposent tous leurs tarifs prohibitifs et nous finissons dans le moins pire de tous qui n’est déjà pas terrible. Nous y rencontrons un voyageur franco bulgare sympathique et zen qui est coincé dans les parages pour tenter de récupérer son appareil photo oublié dans un taxi. Il nous décrit avec humour et résignation ses séances de négociations avec ce qu’il appelle “la mafia tibétaine” qu’il compare à des tsiganes dans leur façon de lui donner des rendez-vous louches avec des gens qui n’ont bien évidemment pas son appareil mais qui peuvent lui débloquer la situation moyennant finance …

Trek de Gonga Shan

J1 – l’entrée en matière

BivouacLe ciel est couvert ce matin encore, mais il ne pleut pas. Mieux encore il fait très lumineux et les nuages sont un peu plus haut que les jours précédents. Des conditions suffisantes pour nous inciter à partir en montagne. Depuis 3 jours que nous lorgnions les sommets il ne nous en faut pas plus. Nous passons d’abord au PSB récupérer nos visas tous neufs, faisons rapidement le plein de vivres et nous voilà en route.

Le démarrage de la randonnée suit une rivière sur 30 kilomètres dans le fond d’une vallée assez large. Le chemin est mignon, tout fleuri et grimpe tranquillement la pente douce. Nous croisons quelques randonneurs chinois qui ont dû faire demi-tour devant des premiers symptômes de mal aigu des montagnes. Dans l’ensemble il y a assez peu de monde. Les nuages descendent de plus en plus bas. Nous essuyons quelques gouttes pas bien méchantes, mais ce qui gêne le plus c’est le brouillard qui s’installe. De l’autre côté de la rivière un homme apparaît dans la brume et nous fait signe de traverser. Il y a bien un pont, mais il est isolé au milieu de l’eau et il faut déjà faire quelques acrobaties pour l’atteindre. Enfin, un pont, 3 troncs un peu fins qui se plient de belle façon sous nos poids. Ensuite il faut sauter de cailloux en cailloux sur 4m pour arriver au sec. Impossible de ne pas se mouiller les pieds sans prendre de risques inconsidérés pour le reste du corps.

Notre homme se propose de soulager Lætitia pour l’aider à traverser en prenant son sac. Pour des gens qu’on annonce sauvages ils ont plutôt l’air gentlemen. Il nous conduit ensuite vers le camp de tentes où il habite et nous offre le thé. Tous les chinois à qui nous avions posé des questions sur le trek nous ont suggérés de faire attention aux gens des montagnes. Ma foi, les clichés volent rapidement en éclats. Nous nous retrouvons avec 3 sympathiques tibétains tout sourire. Ils nous propose de dormir sur place mais nous sommes hésitants car nous aurions bien marché un peu plus. Finalement nous prenons la décision de poursuivre. Ils nous indiquent la direction à prendre, mais leurs descriptions vagues dans cette purée de pois nous laisse perplexe. Nous poursuivons un peu et entendons soudain des voix qui nous appellent à travers la brume. Un nouvel homme vient à notre rencontre et nous conseille de nous poser pour la nuit. Il est vrai que dans le brouillard ce n’est pas trop prudent mais nous devons suivre une rivière, ce qui reste tout à fait faisable pour l’instant. Après quelques explications il nous pointe à son tour une direction qui nous parait meilleure cette fois et nous souhaite bonne route.

Dix minutes plus tard nous arrivons auprès d’une autre tente. Nous passons la tête par la porte pour confirmer la direction à prendre. Un jeune couple nous accueille avec un grand sourire et l’homme nous pointe vers le pont de fortune qu’il faut emprunter. À son tour il nous conseille de nous poser pour la nuit. Cette fois nous suivons ses conseils et décidons de monter la tente à proximité de la leur. L’homme, “Kama” de son prénom, est tout content d’aider Sébastien dans le montage. Les deux ont un visage très doux et un sourire gravé sur les lèvres. Alors que nous nous apprêtons à lancer le réchaud dehors, ils nous invitent autour de leur poêle. Leur tente est toute simple, faite d’une bâche posée sur une armature de tubes en plastique. Le poêle donne si bien qu’il y fait chaud malgré la porte grande ouverte. À gauche du poêle, le lit est délimité par 4 planches de bois couvertes d’un matelas de branches et d’une montagne de couvertures. À droite, un banc tout simple en bois constitue le reste des meubles. Ils s’assoient sur le banc et nous convient à prendre le lit.

Litang sous le soleilUn wok est frémissant sur les flammes avec un mélange de pommes de terre et de poivrons avec bien entendu la marmite de riz indispensable. On nous fait un peu de place pour notre casserole. Alors que notre eau tarde à bouillir à cette altitude, la jeune femme nous tend déjà un bol de riz et des baguettes et nous fait signe de nous servir dans le wok. Nous n’avons pas le temps d’arriver à la moitié de nos bols de riz qu’ils sont déjà remplis par la maîtresse de maison. Quelle gentillesse ! Nous avons débarqué sans crier gare et nous voilà immédiatement invités à manger. Au risque de vexer la cuisinière nous finissons par poser les baguettes alors que nos ventres sont tendus comme des peaux de tambour. À défaut de pouvoir parler tibétain ou chinois, Lætitia sort sa plus belle plume et dessine quelques schémas sur notre cahier. Nous apprenons qu’ils ont deux filles qui passent la semaine à Kangding, que leurs parents vivent à Laoyulin et qu’eux même retournent sur Kangding pendant les rudes mois d’hiver.Après une bonne tasse de thé, nous prenons congés de ces deux charmantes personnes et filons nous allonger dans la tente tout impressionnés d’une telle hospitalité.

J2 – le passage du col

Au lacC’est sous un ciel bleu que nous sortons de la tente ce matin. Nous voyons enfin les sommets qui nous entourent et ils sont impressionnants avec leur coiffe de glace. Alors que nous avons fini de replier la tente, nous sommes à nouveau invités à prendre le petit déjeuner auprès du poêle. Pendant que nous sommes occupés à cuisiner, tous les gens qui habitent dans les tentes d’à côté passent pour faire un brin de causette. Ils s’en vont à la recherche des champignons qui ont poussé dans le corps des vers et qui sont très prisés pour la médecine locale. Chaque pièce se vend à bon prix et les gens passent des heures à arpenter la montagne à leur recherche.

Finalement nous prenons congé de nos charmants hôtes qui s’en vont eux aussi à la chasse au trésor. Le chemin poursuit sa montée tranquille à travers les arbustes fleuris, puis se redresse finalement à l’approche du col. Le petit sentier dessiné dans l’herbe s’est progressivement effacé et nous en venons aux méthodes pifométriques pour deviner où il a bien pu partir. À force de grimper nous finissons sur un lac gisant au pied d’un beau glacier. Nous avons tiré trop à gauche mais la vue en vaut bien la peine. D’ici, en plus d’admirer les sommets blancs immaculés, nous avons aussi un beau point de vue sur la longue crête où se niche quelque part notre fameux col. Nous distinguons au petit décroché qui semble faire l’affaire et prenons droit vers lui. Nous commençons à être bien haut et cela se ressent à chaque pas. Le souffle est court. Notre intuition était la bonne. Le petit décroché est décoré de quelques drapeaux tibétains, c’est donc bien là qu’est le col. Les derniers mètres sont longs à grimper, mais finalement nous y sommes. 4900m.

Au colAprès avoir passé 3 jours à 2600m, il semblerait que notre acclimatation soit déjà un peu dissipée. Avec ces nuages hauts dans le ciel, nous bénéficions d’une belle vue de part et d’autre. C’est assez étonnant, les deux vallées partent pratiquement dans le même alignement. Heureusement que la météo est de la partie. Il ne nous aurait pas été possible de trouver le col dans la purée de pois d’hier. Nous commençons à redescendre quand un gros nuage se met à monter de la vallée. tout de suite la température chute, quelques gouttes précipitent et nous craignons que la chance ait tournée. Mais il passe comme il est venu et nous poursuivons tranquillement. Contrairement au premier jour, nous voyons quelques bâtiments en pierre de ce côté-ci. Et pourtant il semble y avoir moins de monde.

Entre les cairnsLes nombreuses traces de sabots et de pas qui sont imprimés dans la boue nous indiquent qu’il y a sans doute du monde devant nous. Nous avons même une preuve supplémentaire lorsque nous tombons coup sur coup sur une casquette toute neuve et quelques biscuits en bord de chemin. Des biscuits au chocolat ! Par soucis écologique bien sûr, nous ne laissons pas traîner tout ça et les mettons dans la poche. Nos soupçons sont confirmés quelques instants plus tard lorsque nous retrouvons le propriétaire de la casquette qui est bien content qu’on la lui rende. Deux groupes sont en ballade, un groupe de chinois et un autre de coréens, accompagnés tous deux de leur équipage de chevaux et des guides. Pour avoir un peu d’intimité nous montons sur les hauteurs pour trouver notre zone de bivouac. Il y a peu de plat et pas une goutte d’eau. Nous finissons par nous établir entre deux gros cairn en même temps qu’arrive la nuit et la pluie.

J3 – Gonga Si

Gonga SiLes quelques percées que nous avions eu dans les nuages hier soir nous laissaient deviner un beau sommet au dessus de nos têtes. Mais l’épais brouillard de ce matin démonte nos espoirs de petit déjeuner avec vue. Nous redescendons et mettons le cap vers le temple de Gonga. Le chemin commence par descendre gentiment vers le fond de la vallée. Nous recroisons les groupes de chinois et de coréens qui se sont dispersés pour aller chacun à son rythme. À l’entrée dans la forêt, le relief se met à onduler de plus en plus. À chaque passage de cours d’eau nous redescendons quelques mètres qu’il faut remonter derrière. Dans cette forêt dense us n’avons plus de visibilité ce qui accentue sans doute le sentiment de longueur. Au bout de quelques heures nous débouchons finalement sur le fameux temple de Gonga posé au pied de l’imposante Gonga Shan qui culmine à plus de 7000m. Le temple est connu pour sa vue imprenable sur le glacier, mais les nuages n’ont pas décidés de se lever et nous repartons un peu frustrés d’avoir manqué le spectacle. Nous passons au village de Zimei. De là, il est possible de trouver une voiture pour retourner à Kangding mais nous ne sommes pas prêts à sortir les 800 yuans nécessaires. Nous nous enfonçons donc toujours plus dans la vallée en direction de Tsako d’où nous pourrons rejoindre une route plus passante.

Très vite la route que nous suivons se transforme en chemin à peine carrossable. Nous traversons quelques hameaux abandonnés puis finissons dans le lit la rivière sur un chemin de galets. Nous débusquons une petite zone de plat avec une herbe bien grasse pour le bivouac. Un bivouac sous les arbres qui viennent chatouiller les nuages installés très bas et qui nous donnent l’impression d’êtres seuls au monde dans notre petite bulle si paisible.

J4 – le retour en ville

LacC’est toujours sans aucun signe de présence humaine autre que quelques traces de motos dans la boue que nous reprenons la marche. À partir d’ici nous ne sommes plus sur nos cartes et nous n’avons plus aucune idée de la distance à franchir. Nous passons une première rivière, puis une seconde et finissons dans une forêt de petits arbustes très dense. Les traces de moto sont encire les seuls indices notables et nous prenons le parti de les suivre pour voir où elles nous mènent. Plus nous avançons et plus elles sont nombreuses ce qui doit être un bon signe. De plus en plus de déchets décorent les abords du chemin. Nous approchons donc de la civilisation ! En effet, à la sortie du bois nous tombons sur une maison isolée d’où part une rote qui semble prendre la bonne direction.

La famille qui habite là tient une boutique et un dortoir. Ils sont affairés à nettoyer une récolte de vers pour les débarrasser de leur terre. Nous vérifions que nous avons bien atterris au bon endroit et leur demandons ce qu’ils ont de bon à manger. Soupe de nouille instantanée, rien d’autre. Pas de biscuit ? Pas de pain ? Meyou ! Nous ne sommes franchement pas tentés par les nouilles. La mère s’éclipse deux secondes et revient avec des biscuits qu’elle donne à ses enfants. de notre côté nous fouillons un peu dans le fond de nos sacs et trouvons quelques fruits secs à nous mettre sous la dent. La mère s’éclipse à nouveau et revient avec des fruits secs qu’elle donne à ses enfants tout en jetant des regards étranges dans notre direction. Et bien si nous gênons, nous n’allons pas rester plus longtemps. Son mari s’avance vers nous et nous annonce 32 kilomètres pour rejoindre la route et il nous propose de faire le taxi pour la modique somme de 260 yuans, soit un peu plus d’un euro le kilomètre. Encore un tarif pour étranger que l’on croit coincés, mais nous préférons prendre la route à pied et voir ce qui se passera.

Nous récompensés au bout de deux minutes dans un 4×4 débarque de nulle part et accepte de nous prendre en stop pour nous déposer à l’intersection de la route principale. Malheureusement il poursuit ensuite dans la direction opposée à la nôtre. En attendant c’est de plus de 40 kilomètres qu’il nous avance, une distance qui n’était pas faisable à pied sur l’après-midi, ni même en une journée. Nous voilà maintenant dans un canyon où gronde une rivière furieuse et puissante, vers 1000m d’altitude et sous une chaleur que nous n’avions pas connue depuis longtemps. Il nous reste une trentaine de kilomètres pour rejoindre une ville d’où partent des bus. Nous nous remettons à faire du stop. Cette fois la chance a tourné. Un premier bus est plein. Les suivants annoncent des tarifs exorbitants. Encore une fois on espère se sucrer sur le dos de touristes qui paraissent coincés. C’est la première fois qu’on nous fait le coup depuis le Vietnam. Mais nous sommes têtus et nous avons décidé de ne rien lâcher. Tous ces gens qui avaient déjà des $ dans les yeux nous voient partir mais ne nous nous voient pas revenir.

Nous atterrissons finalement devant une boutique en bord de route. La tenancière charmante nous propose du thé et des biscuits ainsi que son aide pour attraper un taxi. Au même moment un routier s’arrête pour refaire le plein d’eau de son camion. Sur ces routes vallonnées, les camions consomment de grandes quantités d’eau pour asperger leurs roues et leurs freins en surchauffe. L’homme est sympathique et accepte de nous embarquer dans son camion. Nous discutons du mieux que nous pouvons avec notre chinois si limité. Il semble scandalisé des tarifs d’usure qu’on nous propose et d’autant plus content de nous filer un coup de main. Son camion lourdement chargé avance à la vitesse d’un escargot. À chaque montée, le compteur atteint péniblement les 10 km.h. Mais au moins nous avançons et en bonne compagnie.

Sa destination finale est un peu avant la ville de Luding où nous espérons trouver un bus. À peine avons nous posé un pied hors du camion qu’une voiture s’arrête à notre hauteur. “Vous allez à Luding ?” Parfait ! La dame qui nous embarque semble s’être improvisée taxi et nous propose un tarif très honnête. Elle nous dépose devant la gare de bus où justement attend un taxi avec deux places de libres pour un départ immédiat vers Kangding où nous retrouvons avec joie notre charmant hôtel.

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3 responses to “Au coeur du Sichuan”

  1. Quel bonheur ces belles rencontres.
    Je suis heureuse pour vous.
    Ce pays est une merveille de beauté et de gentillesse.
    belle route à vous
    belle continuation.
    vos photos sont toujours ma joie.
    Merci pour vos récits si expressifs et si joyeux.
    Je vous embrasse
    chloé

  2. J avais vu un documentaire étonnant sur ces chasseurs de vers sur lesquels poussent des champignons : un vrai délice paraît-il. ça ressemble à quoi? Vous avez goûté?

    • Nous n’avons pas goûté. En fait ce n’est pas une délicatesse de fine bouche, c’est utilisé comme remède miracle pour à peu près tout. Et comme nous n’avions rien à traité … 🙂