Les multiples facettes du Cambodge


Koh Ker

86km

Marchand ambulant La journée commence par un petit passage au marché. Nous y ravitaillons en fruits et profitons de la pâtisserie pour échapper à la soupe de nouille matinale. Il est 8h30 quand nous démarrons et il fait déjà bien chaud. La route est assez monotone. Nous apercevons quelques travailleurs chinois et des feux de forêt qui prédisent sans doute les futurs travaux d’agrandissements. Au loin apparaissent quelques reliefs. Ce sont les premières véritables collines que nous croisons au Cambodge. Quand la route pique droit dessus, nous espérons fortement qu’elle n’aille pas s’y aventurer. Heureusement pour nous, elle finit toujours par les éviter. Nous avons affronté les Andes et voilà que nous palissons devant des petites bosses. Il faut dire que la chaleur nous écrase. Il fait un peu plus chaud chaque jour.

Un vendeur ambulant nous passe plusieurs fois au gré de ses arrêts, avec à chaque fois un grand sourire. Nous finissons par aller voir ce qu’il a à vendre. Nous lui prenons quelques mangues bien charnues et un peu de pain. De nombreux vendeurs font des allers-retours le long des routes pour approvisionner les maisons les plus éloignées des villages. Chacun y va de sa spécialité : fruits et légumes comme notre vendeur sympathique, montagne d’objets en osier, jus de sucre de cane, etc. Tout ce qui peut être acheté est trimbalé en moto.

Temple dans Koh Ker Nous n’avançons pas beaucoup aujourd’hui. De nombreuses crevaisons nous obligent régulièrement à nous arrêter sous cette chaleur écrasante. Bien entendu elles surviennent de préférence quand il n’y a pas d’ombre. Nous sommes dégoulinants de sueur. Au final, nous finissons par changer le pneu et la chambre à air pour régler le problème. Quelle chaleur. Nous vidons les réserves d’eau à toute allure. A la mi-journée nous en sommes déjà à 3l litres par personne et l’eau est si chaude qu’on pourrait y infuser le thé. Au pire de la journée, le thermomètre flirte avec les 46°C. Le moindre faux plat nous coupe les jambes. Les Cambodgiens bien installés dans leur hamac à l’ombre doivent nous croire fous et peut être n’ont ils pas tout à fait tort.

Nous finissons par atteindre le site de Koh Ker, une série de temples qui s’étale sur quelques kilomètres. Le site vient d’être déminé récemment, les dernières parcelles ayant été finie vers 2009. Il est donc assez vierge et nous croisons peu de touristes. Les quelques ruines se trouvent dans une forêt qui n’est pas si dense que nous l’avions imaginé. Le mélange de pierres et de végétation rend tout de même un résultat intéressant et nous donne un avant goût d’Angkor Wat alléchant. En fin de journée, alors que le soleil irradie de sa lumière rougeâtre, nous rejoignons le dernier village croisé à l’aller pour atterrir dans la seule guest house. Une grande maison rudimentaire mais très charmante. Nous y retrouvons les douches à grand coup de casserole d’eau typique du Cambodge. Dans ce village si modeste et si typique nous sommes pris à contre pied la nuit venue par un déluge de Watt. Jusqu’à assez tard, le village est animé par une musique de boîte de nuit à grand renfort de basse et c’est sur un remix de Justin Bieber que nous nous couchons un peu surpris.

Direction Siem Reap

130km

Les suiveursUne petite surprise nous attend dès le matin. La roue que nous avons changée hier soir est à nouveau à plat. Après inspection de la chambre à air, nous ne voyons rien. Nous regonflons et prenons le chemin de Siem Reap. Mais après seulement 5 petits kilomètres, Sébastien est à nouveau à plat. Par chance nous sommes à côté d’un chantier et demandons un peu d’eau dans un sceau pour débusquer la fuite que nous trouvons en fait sur l’une des rustines qui décorent déjà la chambre à air. Nous réparons une nouvelle fois, testons dans l’eau que la fuite est colmatée et repartons pour une dizaine de kilomètres avant de constater que la réparation n’a pas était suffisante. En fait la vielle rustine ne tient plus beaucoup et se met à fuir d’un peu partout. Cette fois, c’est à côté d’une petite boutique que nous sommes arrêtés. Nous demandons à tout hasard si ils ont des chambres à air à vendre, mais ils n’ont que des rustines. Au rythme où nous les consommons ce matin, nous en reprenons quelques unes et commençons à démonter une nouvelle fois la roue pour la réparer.

Nos méthodes de réparation intriguent la tenante de la boutique qui ne semble pas tout à fait approuver. Elle prend alors les choses en main et nous voilà parti pour une petite leçon de pose de rustine. Elle sort quelques outils des quatre coin de sa petite officine, un bout de papier de verre enroulé sur un bâton, une barre de fer forgée et un briquet. Après avoir soigneusement nettoyer la zone percée avec le papier de verre, elle badigeonne de colle et y met le feu. Nous regardons avec un étonnement perplexe et la voyons ensuite poser la rustine qui se fixe instantanément. Pas besoin de séchage, et d’appui pendant de longues minutes. A vrai dire il faut même éviter de traîner car la prise est vraiment rapide. Elle étire ensuite la rustine dans tous les sens comme pour l’assouplir et voilà ! C’est réparé. En 3 minutes chrono, elle vient de nous faire une réparation bien plus efficace que ce que nous faisions jusqu’à présent. Après 6 mois sur la route, nous venons tout juste d’apprendre à mettre une rustine.

Beng MeleaSur la route, nous faisons une halte pour visiter le site de Beng Mealea, un temple pré Angkorien qui a malheureusement subit les foudres des khmers rouges et qui est aujourd’hui principalement un champ de ruines. Alors qu’il était dans un bel état à se découverte dans les années 1850, Pol Pot et ses camarades se sont acharnés à le dynamiter pour quelques raisons obscures. La végétation s’est depuis chargée de poursuivre les travaux de démolition. Mais le site n’en reste pas moins intéressant. Nous crapahutons sur les tas de pierres et sous les arcades encore debout. L’air est frais dans la pénombre des galeries. Ce parcours qui serpente dans le méandre des ruines à un petit air de film d’Indiana Jones. Les murs sont fait de pierre volcaniques massive richement sculptées. Malheureusement, la plupart des figures divines ont eu droit à une décapitation de la part des Khmers Rouges.

Vers 15h nous nous remettons en route pour rejoindre Siem Reap où nous avons rendez-vous avec Sehya, un membre de Warmshower chez qui nous sommes hébergés ce soir. Il nous reste 68 kilomètres et la nuit tombe dans 3h3O. Nous poussons tout ce que nous pouvons sur les pédales pour écourter un maximum le pédalage nocturne qui nous attend. Le paysage s’est considérablement reverdi. Nous repassons des rizières vertes des jeunes pousses fraîchement plantées et de nombreux arbres fruitiers réapparaissent. Nous retrouvons un peu de l’ambiance que nous avions au bord du Mékong. repas entre amisA mi-chemin, nous nous accordons une petite pause mangues et biscuits à l’ombre des arbres d’une école où les élèves en uniforme nous regardent curieusement puis repartons de plus belle.

Nous arrivons en ville à la nuit tombée et retrouvons la circulation cambodgienne chaotique qui ne change pas trop ses habitudes sous prétexte qu’il fait nuit. Nous nous arrêtons au bord d’un hôtel pour demander à quelques chauffeurs de Tuk Tuk s’ils connaissent un endroit pour pouvoir téléphoner. Ils nous tendent alors leur téléphone sans hésiter et nous prenons rendez vous avec notre hôte pour qu’il passe nous récupérer. En attendant, nous faisons essayer les vélos aux chauffeurs de Tuk Tuk impressionnés par le poids de nos bécanes. Sehya, arrive accompagné d’un groupe de touristes qu’il avait emmené en excursion à vélo et nous nous joignons au groupe pour rejoindre son office où attendent deux autres cyclos touristes qu’il reçoit aussi ce soir. Tanya et Raphael sont Portugais. Ils arrivent à la fin d’un voyage de 19 mois qui les a emmené à travers le Moyen Orient et l’Asie centrale. Leurs récits d’Iran, de Kazakhstan et autre Pakistan sont riches en couleur et en anecdotes croustillantes et nous mettent bien l’eau à la bouche.

Beng Melea

Les temples de la cité d’Angkor

végétationConstruite entre le 12e et le 16e siècle, la cité d’Angkor est un immense site qui contient de nombreux temples khmers dans des états différents. Parfois en ruines, parfois très bien conservés ou restaurés, ces monuments de pierre volcanique ou de brique ne laissent en tout cas pas indifférent. Il ne reste par contre quasiment pas de trace d’habitation, uniquement des temples. Pourtant cette cité a vu jusqu’à 1 million d’habitants à son apogée. Aujourd’hui ce sont des milliers de touristes qui se pressent quotidiennement dans les couloirs de ses temples.

Nous commençons par visiter quelques sites un peu moins fréquentés sur l’extérieur. Plus petits et en moins bon état que les stars des lieux, ils permettent de se familiariser petit à petit avec l’architecture angkorienne. Les maçons de l’époque ne maîtrisaient pas la clef de voûte, c’est pourquoi leurs couloirs sont étroits et les murs sont épais rendant bien souvent les intérieurs assez sombres. Quand les toits se sont effondrés, cela donne des espèces de labyrinthes où il faut régulièrement enjamber des tas de pierres pour avancer dans la visite. Généralement, les temples sont construits sur le même plan, un représentation du mont sacré Meru, résidence des dieux, entourés de tours qui représente l’univers et les continents. Les escaliers sont raides car l’accès aux dieux se doit d’être difficile.

Frise d'apsaras

Le travail architectural est impressionnant, mais ce qui fait réellement la splendeur d’Angkor, ce sont les milliers de bas relief, gravure et autres sculptures qui restent encore présentent. Pourtant, le pillage, l’érosion du temps et les tentatives malheureuses de certains restaurateurs indélicats ont causé beaucoup de dégât. Néanmoins, il en reste à profusion et la plupart possèdent quelque détail particulier qui les rendent uniques. BayonAutour des hordes de touristes, des hordes à peine moins nombreuses de marchands du temple avec leur boissons, leur nourriture et leurs bricoles. Dans les sites principaux, il n’est pas possible de faire un pas sans décliner leurs offres plusieurs fois d’affilée. Bien évidemment les tarifs sont 4 fois supérieurs à ceux de Siem Reap qui est déjà 2 fois supérieur aux prix du Cambodge, mais quelques mots de khmer et on nous propose des tarifs un peu plus raisonnables.

Nous faisons le tour du site en 2 jours et il n’en faut pas moins. Quelle difficulté de comprendre les fresques dans ce folklore hindouiste et bouddhiste qui nous est si obscure, le barattage de l’océan de lait entre les démons et les dieux à plusieurs têtes et plusieurs bras nous laisse souvent un peu confus et les explications que nous glanons auprès des guides ne nous aident pas toujours à mieux le cerner. Parmi les attractions, les levers et couchers de soleil font fureur et perdent un peu de leur magie quand il faut se battre pour quelques centimètres carré d’espace en espérant avoir LA photo qui sera sans doute déjà disponible sur internet en plusieurs millions d’exemplaires.

Fresque

Parmi le grand nombre de temples nous en retenons particulièrement 4 qui nous ont marqués : Ta Prohm, Angkor Wat, Banteay Kdei et Bayon
Ta Prohm est le temple de la jungle, des arbres immenses enfoncent leurs racines profondément dans les murs et les conservateurs sont bien obligés de faire avec eux plutôt que de les couper car leurs racines tiennent maintenant les pierres qui menacent de s’écrouler sans leur soutient.

Bayon, le temple célèbre des têtes. Bien qu’en assez mauvais état, il reste impressionant. Construit par Jayavarman VII pour sa propre gloire, quelque soit l’endroit ou l’on se trouve au moins une douzaine de visages nous regardent.

Banteay Kdei, un labyrinthe de corridors dont les toits se sont effondrés laissant plus de lumière que partout ailleurs pour admirer les centaines de gravures d’apsaras qui ornent chaque face de chaque colonne du temple et bien entendu chaque mur aussi.

Angkor Wat, bien que surpeuplé en permanence, Angkor est un bâtiment spectaculaire. Apparemment c’est le plus grand bâtiment religieux au monde. En meilleur état de conservation que tous les autres il bénéficie de grands espaces aérés et lumineux et surtout d’une impressionnante fresque de 800m qui en fait le tour. Un enchevêtrement de personnages qui racontent l’histoire d’une grande épopée hindou et le commencement du monde.

Nous savourons de pouvoir visiter tranquillement à notre rythme sur nos vélos plutôt que d’être gérer à la montre et transportés dans les autobus. La ville de Siem Reap regorge de loueurs de vélos et nous le conseillons très vivement.

Les villages flottants du Tonle Sap

Chemin forestierAprès avoir fait nos adieux à Sehya et à nos amis Portugais, nous prenons la direction de l’Ouest vers Sasar Sdam où nous prenons ensuite plein Sud vers le lac de Tonlé Sap et ses villages flottants. Notre carte indique une route qui arrive à une rivière et au bout de cette rivière, une autre route qui part vers Battambang. En chemin nous espérons croiser les fameux villages flottants de la région, mais pas les habituelles attractions touristiques, les villages authentiques. Nous partons donc à l’aventure sur un petit sentier dont nous ne savons pas si il mène bien où nous le voulons et si nous pourrons traverser la rivière pour poursuivre notre route.

La piste solide ne dure pas longtemps et nous nous retrouvons rapidement dans des rizières asséchées sur un sol de sable peu pratique. De nombreux petits chemins ont été créés par les deux roues pour tenter de trouver un passage roulant dans tout ce sable. Nous en suivons un au pif, mais tous semblent aller à peu près dans la même direction. Soudain, les rizières laissent leur place à une forêt de buissons dans laquelle le sentier s’engouffre. Nous ne voyons plus bien loin dans cette jungle et le sentier est devenu à peine plus large que nos vélos. Nous sentons toute fois que nous sommes sur la bonne voie car nous croisons régulièrement des vélos ou des scooter tout étonnés de nous croiser là. Il faut à chaque fois un peu d’acrobatie pour se croiser.

Des enfants curieuxAu bout de quelques kilomètres, nous retrouvons enfin une vue. Et quelle vue. Nous avons atterris au milieu de rizières en eau cette fois. Le chemin de plus en plus chaotique passe au milieu de toutes ces piscines d’eau plantées de riz. Partout des gens sont à l’œuvre les pieds dans cette eau qui est si chaude. Il faut dire que la température est élevée aujourd’hui. Sous les 44°C nous suons à grosses gouttes. Nous croisons régulièrement des petites chambrettes de fortune faite avec une charrette ou un vélo et un voile de moustiquaire. Beaucoup de gens travaillent, mais beaucoup d’autres sont à la sieste. Il faut bien se répartir les tâches. Pour nous l’aventure se poursuit dans un chemin qui se rétrécit de plus en plus et devient de plus en plus boueux. De temps en temps il nous faut pousser les vélos dont les sacoches frisent l’eau, parfois sur des petits ponts végétaux, parfois sur des petits ponts en bambou, mais toujours les pieds dans l’eau.

Après ce passage de rizières, nous retrouvons un chemin plus large et plus sec. Nous nous accordons une petite pause à l’ombre après 3h30 assez intenses. Les réserves d’eau sont bien basses et nous ne voyons pas trop où nous en sommes. Avec notre carte si imprécise, nous avions évalué 15 kilomètres et nous en sommes déjà à 24. Un dernier coup de motivation pour finir ce chemin. Nous poussons encore un petit kilomètre et soudain c’est la délivrance. Nous tombons sur une maison, puis une autre et c’est enfin la rivière qui se dévoile.

À peine avons nous montré le bout de notre nez qu’on nous fait déjà signe de nous approcher. Nous tombons sur un groupe de personnes à l’apéritif bien au frais sous une tonnelle : ce sont les policiers. Ils nous tendent une bière et nous essayons d’obtenir quelques informations sur un éventuel bateau qui nous emmènerait plus loin. Un homme nous propose d’en dépêcher un tout de suite; tarif 100$. Avec ce genre de somme, nous pouvons vivre confortablement pendant quelques jours ici. Nous refusons donc poliment la proposition. Finalement au vue des difficultés de compréhension, on fait mander les professeurs du village qui parlent anglais. Une petite jeune femme toute menue et un jeune homme guère plus épais débarquent. Avec un peu d’anglais ça va tout de suite mieux. Nous expliquons notre itinéraire, notre besoin de bateau et on nous apprend qu’il y a des bateaux qui passent le matin. Ce sont les bateaux de touristes qui vont de Phnom penh à Battambang et il est possible de les arrêter pour voir s’il leur reste de la place. Le tarif est alors plutôt autour de 15$. 70$ d’économie tout de même ! Ensuite nos deux interprètes nous proposent d’aller dormir vers l’école, ce que nous acceptons volontiers.

S’ensuit une visite guidée de l’école et la démonstration de quelques cours. Les classes sont assez vides, mais une chahut important règne tout de même. Est ce le manque de formation ou le manque de motivation des enseignants ? De toute manière les cours ne durent pas très longtemps. Après la classe, tout les élèves suivent curieusement les deux touristes égarés que nous sommes et Laetitia propose des jeux aux enfants : 123 soleil et une tomate. Le succès est au rendez-vous. Nous les laissons jouer à ces nouveaux jeux et installons nos quartiers dans la “salle des profs”, un bâtiment qui siège au milieu de la cour et qui leur sert en fait de maison. Le village est assez dépourvu des commodités classiques. En guise de salle de bain, on nous propose d’aller prendre un bain dans la rivière. Nous passons pour cela dans une des maisons flottantes à laquelle nous accédons en marchant sur le grillage d’une cage contenant une petite dizaine de crocodiles … rassurant. On passe une tenue que les femmes utilise pour se baigner, un grand tissu pour se couvrir, à Laetitia. Sébastien plonge à l’eau et part nager quelques brasses au milieu des maisons. La rivière quoique bien marron ne pourra que nous décrasser après les litres de sueur que nous avons laissé sur le chemin. Quel sentiment étrange que de nager au milieu de ces maisons flottantes que nous avions vu en documentaire. Des dizaines de paires d’yeux nous regardent.

Après cette baignade, les jeunes profs nous invitent à manger avec eux. Au menu ce soir, comme chaque soir apparemment, c’est riz et poissons sous plusieurs forme: en sauce, grillés et fumés. Ici le poisson constitue l’aliment de base après le riz qu’il accompagne bien souvent. De notre coté nous partageons deux belles mangues juteuses et un thé gingembre miel qui sont bien appréciés.

Treay

Laeti donne un coup de mainLa chaleur a duré jusque tard dans la nuit. Sous notre moustiquaire trouée, nous sommes en nage et tournons d’un côté sur l’autre en cherchant le sommeil. Après cette nuit un peu rude nous sommes les derniers à nous lever. La fraîcheur de la matinée fait un bien fou. Nous nous sentons très collants ce matin. Les professeures arrivent pour le déjeuner et nous nous mettons tous en cuisine. De leur côté des nouilles aux œufs et aux légumes et du notre du muesli d’avoine de raison et de mais soufflé. Sous leurs regards curieux nous proposons une séance de dégustation suivie d’une discussion sur les différences entre nos habitudes.

C’est une journée particulière aujourd’hui. Les jeunes professeurs essayent de mettre en place de temps en temps des “labour days”, jour où les élèves viennent à l’école non pour étudier mais pour faire le nettoyage de la cour et des salles de classes. Dans ces villages reculés encore plus que dans le reste du pays, la notion de collecte de déchet, de tri ou tout simplement de poubelle est inexistante. La cour devient un dépotoirs rapidement c’est pourquoi ils ont instaurer ces journées. Côté élèves l’enthousiasme est contenu et la plupart tentent d’échapper à la corvée par tout les moyens possibles. Excuses des parents, planque derrière un arbre, etc. D’ailleurs au bout de quelques minutes on en voit jouer beaucoup et il n’y a guère que quelques filles qui restent à faire les salles de classe. Pendant ce temps là nous partons faire notre toilette dans la même salle de bain qu’hier. Quand bien même nous savons pertinemment que nous serons à nouveaux dégoulinants sous peu, l’eau fraîche de la rivière est un régal. Et la vue toujours aussi sympathique serait presque une excuse à elle toute seule.

En attendant l’arrivée des bateaux qui pourront nous emmener à Battambang, nous errons dans le village pour sentir l’effervescence qui y règne. Un chapiteau a été monté, signe qu’un mariage sera célébré sous peu. D’ailleurs une foule de femmes s’active déjà à préparer quelques amuse-bouches de riz enroulés dans des feuilles de banane. Notre curiosité nous attire inexorablement et Laetitia se voit proposer de se joindre à la tâche. Ni une ni deux, la voilà assise sur le treillis de bambou à ficeler les feuilles de banane à l’aide de fils de jonc. Une femme prépare le contenu et le place dans les feuilles, une autre amorce le ficelage pour donner la forme cylindrique à l’ensemble et Laetitia fini l’emballage. Tout le monde est très amusé de la voir à l’œuvre. Ça parle, ça rigole, l’ambiance est vraiment très bonne. Laetitia se voit poser tout un tas de questions. Êtes vous mariés ? Quel âge ? On lui donne pleins de conseils qu’elle a bien du mal à comprendre.

Puis c’est l’heure du bateau. Lorsque celui approche du village, on lui fait signe que des gens souhaitent monter à bord. Le bateau est déjà assez plein de touristes mais il ne devrait pas y avoir trop de problème pour en monter deux de plus. Nous sommes aidés pour monter les affaires par une foule de personnes qui prennent chacune une sacoche. C’est un peu l’embouteillage sur les planches de bois qui servent de passerelle. Nous faisons nos adieux à ses charmants hôtes d’une journée et mettons le cap sur Battambang. Le bateau fait un bruit d’enfer et provoque de belles vagues dans son sillage, ce qui ne semble pas toujours être du goût des habitants de la rivière. Certains regards noirs en disent long. A côté de cette soirée au village, cette petite croisière nous paraît un peu fade. Il faut batailler pour avoir de la place assise et au final nous sommes assez mal installés. Sur le bateauHeureusement, le point de vue depuis la rivière est très intéressant. Il est assez difficile de l’imaginer, mais le niveau de l’eau monte de plusieurs mètres à la saison des pluies. Les forêts autour, ainsi que les rizières se retrouvent complètement immergées et les habitants eux mêmes ont bien dû trouver quelques solutions pour s’adapter aux circonstances. Du coup les maisons installées sur les berges se retrouvent perchées sur de hauts pilotis. Les autres ont tout simplement choisi de s’installer directement sur la rivière, sur des maisons flottantes accessibles soit par des pontons, soit directement en barque.

Au bout d’une heure et demi, nous n’en pouvons plus de ce raffut. Nous cherchons à nous faire débarquer n’importe où pourvu que nous soyons à nouveau en selle, loin de ce tintamarre, mais le chauffeur refuse de s’arrêter. Devant notre insistance, on finit par nous dire qu’ils ne peuvent pas s’arrêter dans le coin à cause de la police. Apparemment on peut débarquer les locaux, mais les touristes sont tenus de rester sur les circuits touristiques prévus. Nous finissons tout de même par descendre à quelques kilomètres de l’arrivée. De retour sur le plancher des vaches nous nous sentons respirer. Les hellos accueillent à nouveau notre passage.

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8 responses to “Les multiples facettes du Cambodge”

  1. Beau séjour à vous deux
    Quelle joie de vous sentir heureux.
    Prenez soin de vous, à 46°c tout le monde dors ou boit du jus ce coco à l’ombre donc…
    Merci pour les vidéo, j’adore vous observer dans vos aventures, cela nous rapproche.
    A mon avis les femmes ont dis à Lætitia qu’elle était magnifique et courageuse et qu’elle avait beaucoup de chance de pouvoir réaliser ce fabuleux projet avec son homme.
    Je vous embrasse
    Chloé

  2. Quel plaisir de suivre vos aventures sur le continent asiatique ! Cela me rappelle de très bon souvenirs de marchés, de vendeurs ambulants, de plats délicieux mangés au bord de la route, de monastères perdus… Vos photos sont très belles et vous semblez bien garder la forme ! Vosu trouvez facilement de quoi vous désaltérer par une telle chaleur ?

    Enjoy !!

    Bise du carnavaleux !

    Ed

  3. Besoin d’aller si loin pour apprendre a poser une rustine!!!!!!!!! énorme
    Vous arrivez facilement à vous ravitailler?!!!!!!! vu la chaleur.
    En tout cas la convivialité des gens a l’air d’être au rendez-vous.
    Sinon la vidéo est géniale, laeti je vois que tu dis oui à tout et avec le sourire !!! je pense que tu as tout compris !! excellent
    Franchement super contente que ça vous plaise a+

  4. Mamie et moi souhaitons un super anniversaire exotique à Seb . On vous embrasse bien tous les deux

  5. Joyeux anniversaire sebastien et bonne continuation de votre périple. Super vos vidéos – bious – yvonne

  6. Bon Anniv Seb !
    Et profite bien de la journée de la femme Léti 🙂

    Bises

  7. hello, vos reçits de l’asie donnent très envie, j’ai l’impression que c’est votre région préférée?… bisous à vous deux et bon courage pour pédaler sous cette chaleur.